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Les géants massaïs: l'envers du décor

Une vidéo qui remonte à l'origine de la conception des géants de bronze massaïs et qui nous plonge dans l'univers de Jean-Dominique Orsatelli.

Auberge du Coucou à Calenzana, à treize kilomètres de Calvi. Orsa s'est improvisé un atelier dans ce lieu priviliégié, bien loin du rythme effréné de la grande ville. Entourée de baies vitrées, la pièce ouvre sur des champs d'oliviers, des cerisiers, sur le doux relief des montagnes corses parsemées de bouquets d'arbres et les sommets du Monte Cinto et de la Paglia Orba dans le lointain. Le maquis explose de verdure en ce printemps renaissant. Sur le carrelage blanc, Orsa a étalé ses toiles; sur des tonneaux, il a posé ses pots de peinture et ses multiples pinceaux. Quelques chaises sont empilées les unes sur les autres dans un coin, des lampions de papier japonisant pendent du plafond. Dans cette salle de restauration de 800 mètres carrés où tout est blanc, ses figures cernées de noir dansent ou courent au sol, ses frises au mouvement circulaire tournent sans fin. Ses toiles exultent de couleurs dans le plus grand calme. «Une règle d'or lorsque je travaille: il me faut le silence le plus total. Même si je suis un ancien musicien, rien ne doit venir me perturber», lance-t-il. La peinture invite au repli sur soi, à des moments de retrait du monde pour ensuite mieux partager. Elle est quelque chose d'intime.

«J'AI MILLE ATELIERS DANS MA TÊTE.»

Pour cela, Orsa n'a pas besoin d'un lieu défini, figé, mais juste d'un cadre qu'il déplace à l'envi, et surtout d'un espace assez vaste pour déployer ses grands for-mats. Son atelier est à chaque fois éphémère, nomade et s'adapte à ses « gamba-deries » comme il aime à qualifier ses pérégrinations. « J'ai mille ateliers dans ma tête, j'ai simplement besoin d'un contact direct avec l'endroit où je suis. » S'ancrer un temps pour mieux ressentir. Il emporte avec lui ses peintures acryliques et ses toiles, mais aussi, si c'est nécessaire, son poste à souder et ses appareils photo - les trois volets de sa création, indispensables pour ne pas s'enfermer dans une technique. Le seul atelier qu'il a véritablement conçu comme un espace dédié était à Abidian. Pendant ces années africaines, il a fondé un lieu d'échange, de transmission et de rencontre avec dix-huit jeunes adultes, qui se transformait en lieu de fête avec des concerts à la fin de chaque semaine.

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